Thé, raconte-moi ton histoire !
La mode du thé
Même si les Portugais sont considérés comme les premiers européens à boire du thé, ce sont les Hollandais qui l’ont rendu populaire, devenant ainsi de gros importateurs.
En 1619, ils installent le port de Batavia, aujourd’hui Jakarta, pour importer le thé et le distribuer dans toute l’Europe. Société privée créée en 1600, la Compagnie britannique des Indes orientales contrôle la moitié du commerce mondial de son époque. Tout en important du thé de Chine vendu en Angleterre, la Compagnie exploite des plantations de thé pour alimenter la Grande-Bretagne et ses colonies.
C’est grâce à la Reine Catherine, épouse du roi d’Angleterre Charles II, qui appréciait beaucoup le thé, que ce dernier est devenu populaire à la cour.
Au point qu’en 1676, le roi Charles II décide de le taxer à… 119% ! Ouvrant ainsi la voie à la contrebande durant près de 100 ans.
En 1784, comme le gouvernement réduit les taxes, le thé devient plus abordable et la contrebande cesse.
Les gens modestes boivent un thé très ordinaire pendant leurs repas quotidiens.
Il remplace la bière, boisson populaire de l’époque, améliorant ainsi la santé physique et mentale de la population.
La découverte du thé
C’est en 2737 av. J-C que l’empereur Shen Nong découvre le thé. La légende veut en effet qu’alors qu’il se reposait sous un théier, il fut intrigué par les arômes de feuilles tombées dans une marmite d’eau bouillante.
Il en but une gorgée et trouva la boisson très rafraîchissante.
En 420, les moines bouddhistes chinois buvaient du thé pour rester concentrés pendant leurs méditations.
Ils cultivaient les théiers et préparaient des galettes de thé qu’ils vendaient. Avec le temps, les fermiers locaux apprirent à cultiver le thé qui devint une boisson quotidienne.
Sous la dynastie Tang (618-907), des moines bouddhistes rapportèrent de Chine des graines de thé pour les cultiver chez eux, en Corée et au Japon.
Leurs méthodes sont toujours d’actualité.
Thé de Chine & Thé d’Inde
La Compagnie des Indes orientales a toujours préféré le thé de Chine (variété sinensis) même si des théiers indigènes ont été découverts en Inde.
La variété sinensis est cependant plus intéressante que l’assamica parce qu’elle résiste mieux au climat froid et à l’altitude de la région de Darjeeling.
De 1848 à 1851, la Compagnie envoya en Chine le botaniste Robert Fortune pour apprendre la culture du thé et rapporter des graines et des boutures en Inde où la Compagnie avait décidé de cultiver du thé et de planter ses premiers théiers en Assam en 1835.
Il aura cependant fallu attendre plus de dix ans pour récolter le thé à grande échelle. Dans les années 1870, les plantations de thé privées se sont développées en Assam et au Darjeeling, assurant à l’Angleterre un approvisionnement abondant et meilleur marché que celui des Chinois. Sous le règne de Victoria (1837-1901), les plantations de thé prospèrent en Inde : on défriche chaque année de nouvelles terres. L’Inde produit d’excellents thés noirs, très demandés en Europe, en Australie et en Amérique du Nord.
La circulation du thé
Le thé voyageait par bateaux sur les océans durant des mois avant d’atteindre l’Europe.
Au début du XIXe siècle, les navires marchands faisaient en effet le tour du cap de Bonne-Espérance pour atteindre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Ce sont les clippers, ces bateaux à voiles carrées, longs et étroits, qui raccourcissent les traversées de moitié.
Ouvert en 1869, le canal de Suez permet le passage des bateaux à vapeur, plus grands et plus rapides.
Les marchandises, dont le thé, voyagent ainsi beaucoup moins longtemps et les consommateurs peuvent donc boire un thé de qualité fraîchement récolté.
De 1939 à 1945, les voies maritimes vers l’Amérique du Nord étant soumises à un blocus, seul le thé noir a pu être expédié par l’Atlantique.
La consommation de thé vert ne reprendra que bien après la fin de la guerre… De nos jours, le thé est désormais la deuxième boisson la plus consommée dans le monde, après l’eau.
Le savez-vous ?
Les Européens adoptèrent le mot « tay » en commerçant avec les marchands chinois qui parlaient le dialecte Amoy. Ce mot « tay » devint « thé » en français, « tea » en anglais, « thee » en néerlandais et « Tee » en allemand.